Diwali, Guerre ouverte

Divali, Jour 3

Venues du nord de l’Inde, les détonations résonnent maintenant dans les rues de Chennai et du Tamil Nadu. Levé avec le soleil, je suis parti en ville pour tenter de trouver une connexion internet. Le spectacle est ahurissant. Les magasins sont fermés, impossible de trouver de quoi manger. Il serait facile de se croire dans une ville fantôme sans ces quelques fous armés qui déambulent et font feu a tout va. Une môme de quatre ans m’a attaqué, elle riait. Effrayé, j’abandonne ma quête et retourne sur mes pas. Même le campus est désert, les Indiens ont rejoint leurs familles. C’est plus sûr probablement. Chez eux, aucun risque de trouver un bâton d’explosif qui a fait long feu dans la salle de bain collective. Malgré tout , quelques acharnés tentent tant bien que mal de travailler, c’est peine perdue, le bruit des fameuses mitraillettes sortirait Buddha lui-même de sa méditation la plus profonde. En plus, il n’y aura surement pas cours lundi. L’horreur a un nom, dewalee.

Pour comprendre les récents événements, j’ai dû fouiller dans les documents que m’avaient fourni mon chef de mission. Une fiche récapitulative m’en a dit un peu plus, ça tient en deux lettres, OM. Non, l’Olympique Marseillais n’a rien à voir dans cette mission.

[La] théologie de la parole [a] deux effets pérennes et féconds : la croyance en une énergie féminine, créatrice et formatrice du cosmos, mais également la sacralisation du son –dont la syllabe unique OM, symbole de l’Etre-Un, condense tous les phonèmes dans cette mystique du son-.

Fiche Mission top secrète

Dewali, c’est la fête de la lumière. On y célèbre le retour de Rama (7e réincarnation de Vishnou) après avoir vaincu le roi maléfique du Sri Lanka. A l’époque (XXe siècle avant JC), les Indiens n’avaient que des bougies qu’ils allumaient et déposaient devant leur porte. Aujourd’hui ils ont des feux d’artifice et surtout des pétards. Originellement fête de la lumière, Divalee a viré à la fête du son depuis l’invention de la poudre, et croyez-moi, ils font péter le son.

Devaali c’est une fête principale dans l’hindouisme. Noël tel qu’il est célébré aujourd’hui semble en être l’équivalent occidental. La fête se passe en famille et on s’offre des cadeaux pour l’occasion. La fête se déroule sur 5 jours, le 3e c’est l’apogée et le seul qui soit célébré en Inde du sud. Plus au nord, les festivités sont ininterrompues. J’ai eu la chance de pouvoir célébrer Diwalee dans une famille Indienne, on y a très bien diné, avons tiré quelques pétards et avons pu profiter d’une vue exceptionnelle en hauteur sur l’ensemble de la ville dont le ciel était éclairé en continu par des artifices de couleurs variées.

Question sécurité, c’est la norme indienne, et c’est un peu dangereux. Si en Europe, pour un événement comme celui-ci, la réalisation du feu d’artifice aurait été réalisée par une entreprise spécialisée, avec des barrières de sécurité une distance réglementaire et tout le tsouin tsouin, ici, n’importe qui peut se procurer un bâton de dynamite (au moins) à n’importe quelle heure du jour et de la nuit (seuls les magasins vendant des explosifs sont ouverts) J’ai donc assisté béat à l’allumage d’un gros pétard par une petite fille de quatre ans, et qui l’a gentiment lancé dans ma direction. Même les feux d’artifices font plus de bruit que de lumière. Les mèches constituent probablement l’élément le moins fiable de l’attirail, même sur les très gros pétards le temps entre l’allumage et la détonation est souvent de moins d’une seconde, effet de surprise garanti…

Constatation des dégâts après l'allumage de 5000 pétards à la chaine...