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30 Jul

Chennai, un français dans la ville

Publié par Blacjac  - Catégories :  #Vie en Inde

Chennai, un français dans la ville

Le Lonely Planet écrit à propos de Chennai : « Cette ville peut paraître inhospitalière aux premiers abords, en réalité sa beauté réside dans ses habitants. La Quatrième ville d’Inde est aussi la plus accueillante » (traduit par mes soins) Je ne suis on ne peut plus d’accord. Comparé au reste de l’Inde, il y a très peu à visiter, et à part du shopping dans le centre et quelques monuments à aller voir, il n’y a pas grand-chose d’intéressant à faire. Les bars sont peu nombreux et la majorité d’entre eux ferment à minuit, la vie nocturne est donc elle aussi très limité. Chennai est l’exemple type de la ville qui grandit trop vite. Quel que soit l’endroit où le regard se pose, il y a soit un une route ou un immense bâtiment en construction, soit la totalité d’un quartier à rénover. L’air est pollué, les bâtiments sont moches, à peine construits mais déjà trop vieux, si bien que se balader dans les rues est plus oppressant que plaisant. Le sentiment dominant est celui du gâchis, la sensation que la ville avance en permanence sans prendre le temps de regarder ce qu’elle vient de créer. La notion d’entretien est passée aux oubliettes, si bien que l’on a envie de tout raser pour tout reconstruire.
Mais Dieu que cette ville est belle ! Cela va bien au-delà du commerçant qui vous donne un renseignement dans l’espoir que vous lui achetiez un de ses produits, chacun est prêt à tout arrêter pour partager quelques mots avec vous, vous poser des questions, vous aider. D’une sincérité remarquable, le plus pauvre des habitants peut s’approcher non pas pour votre porte-monnaie, mais bel et bien par curiosité. Il réside dans l’âme de Chennai un je-ne-sais-quoi de principe scout selon lequel chacun se fait un devoir de se dévouer à l’autre si cela est nécessaire…

J’errais dans les rues de Chennai dans l’espoir de tomber sur un vélo d’occasion. Les vélos que l’on trouve sur le campus sont d’un prix tout à fait raisonnable d’un point de vue européen (40 € au minimum), mais par principe, un bon nombre d’entre nous a décidé d’aller chercher ailleurs. C’était d’une part l’occasion de visiter les alentours et également parce que payer un vélo le prix de deux mois de loyer semble disproportionné. Après une bonne heure de vaines recherches, je demande à un jeune ado s’il savait où je pouvais trouver ce que je cherchais. Il se rendait à l’école et a bien voulu faire un léger détour pour m’amener devant ce qui ressemble à un garage. Il me présente au vendeur et me prévient que celui-ci ne parle que Tamil (langage de la région, l’hindi est très peu parlé ici). Le garçon ne peut rester et j’entame alors des négociations compliquées pour obtenir un vélo d’occasion en bonne forme. De l’autre côté de la rue, il y avait un commerçant qui négociait avec un client. Ce commerçant, voyant que j’étais en difficulté a traversé la rue pour faire l’interprète, spontanément le client l’a suivi et m’a aidé dans les négociations.

Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil
Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil
Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil
Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil
Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil

Conglomérat de plusieurs village, Chennai se transforme a vu d'oeil

Chennai, un français dans la ville

Le shopping, puisque c’est une des rares choses à faire dans Chennai, nous y avons dédié notre premier week-end. Un centre commercial réputé pour la qualité de sa marchandise et ses prix négociables a été localisé dans le centre-ville. Le détail de mes achats n’a pas beaucoup d’importance, en revanche le centre commercial est très représentatif de l’ambiance de Chennai. Au milieu d’un quartier où tous les bâtiments sont immenses et souvent délabrés se trouve ce fameux centre commercial flambant neuf, entièrement climatisé et surtout très propre. C’est un énorme building de trois étages dans lequel sont concentrés tout un tas de petits magasins, tous vendant à peu de chose près la même chose. On y trouve de quoi se restaurer, le choix va du restaurant local au fast-food américain en passant par la boulangerie française (tenue par une sud-coréenne) et beaucoup de marchands de tapis et autres tissus magnifiques dont ils ont parfois bien du mal à expliquer l’utilité. L’effet produit est surprenant, on ne sait plus trop dans quel monde on vit, sommes-nous toujours dans cette ville où un homme trop maigre dormait sur le trottoir poussiéreux sous un soleil trop chaud à côté d’un chien sauvage ? Chennai est rempli de surprises de ce type, de bâtiments qui sonnent faux dans des quartiers bas de gamme. Alors que l’on se croit dans un bidonville, au détour d’une rue on peut croiser un temple extrêmement coloré ou un supermarché hypermoderne qui pourrait presque nous faire oublier que l’Inde est encore un pays du tiers-monde.

La ville abonde de temples en tous genre. Il y en a pour tous les gouts!
La ville abonde de temples en tous genre. Il y en a pour tous les gouts!

La ville abonde de temples en tous genre. Il y en a pour tous les gouts!

Le campus de l’IIT étant à l’extrême sud de la ville, le périple vers le centre fut pour nous l’occasion de découvrir les différents moyens de transports Indiens.

  • De tous les moyens de locomotion existants sur place, le Rickshaw est le plus typique. Il s’agit d’une sorte de mobylette couverte, dotée de trois places au total, mais cela n’empêche en rien d’y placer six passagers, plus le chauffeur. Le prix dépend du trajet, du nombre de passagers et du passager. Pour le même trajet en effet, un bon négociateur peut obtenir jusqu’au tiers du prix initial.
Chennai, un français dans la villeChennai, un français dans la ville
Chennai, un français dans la ville
  • Le bus est également très utilisé. D’une ponctualité variable il est très apprécié pour ses coûts très faibles et le sentiment de sécurité qu’il procure. Dans la jungle qu’est le trafic de Chennai, le bus est le roi des animaux, il est respecté de tous et sait se frayer son chemin malgré sa taille imposante. Les prix ne sont pas négociables et difficilement compréhensibles. Il existe en effet quatre type de bus, correspondant en fait à quatre classes différentes. Les nuances sont imperceptibles mais suffisante pour justifier le triple du tarif pour un même trajet. En somme, ce n’est qu’au moment de payer que l’on sait si l’on a pris le bus première classe ou la classe économique.
  • Le train est d’un coût tout aussi dérisoire et d’une ponctualité toute aussi aléatoire que le bus. Tout comme le bus, les portes sont inexistantes de sorte à permettre une large surcapacité de passagers. Quand un train n’est pas plein à craquer, les mendiants parcourent ses wagons à la recherche d’occidentaux susceptibles de leur fournir leur prochain repas. Une description plus détaillée sera fournie lors d’un voyage prochain.
  • Le taxi est à éviter autant que possible. Déjà, les chauffeurs raffolent de la clim et comme partout à Chennai, quand il y a de la clim, c’est le client qui la paye. De plus, c’est un moyen de transport relativement fiable, confortable, ponctuel et qui se trompe rarement de chemin, tous les ingrédients sont réunis pour justifier des prix exorbitants. Certains Français nostalgiques de Paris doivent surement l’emprunter de temps en temps histoire de se rappeler comment sont les prix dans la capitale… A proscrire, sauf en cas d’extrême urgence (maman, j’ai besoin de sous…)
  • Amateurs d’adrénaline, psychopathes suicidaires, abrutit inconscients, ce dernier moyen de transport est fait pour vous, le vélo ! Essayez le de nuit sans phares et poussez le vice jusqu’à vous en servir en retour de soirée sans guide, sensation fortes garanties ! Le vélo est certes indispensable sur le campus, utile pour quelques très courts trajets vers des endroits connus mais dans tous les autres cas même un taxi est préférable.

Chennai, un français dans la ville

Une soirée au Hilton

Les étrangers attisent beaucoup la curiosité des indiens, c’est d’ailleurs un atout qui nous permet de rencontrer beaucoup de monde. Parmi ces rencontres figure Savia, un indien amateur de festivités. Il a invité une bonne partie de la communauté internationale à une soirée sans limite d’heure (chose rare), avec alcool et aussi entrée gratuite. Il connaissait personnellement plusieurs organisateurs de la soirée, aussi il nous a assuré à tous une entrée. C’était une occasion exceptionnelle dans la mesure où la sélection à l’entrée de ces soirées est très stricte. Comme la plupart des événements alcoolisés, cette soirée s’est déroulée dans un hôtel, au sommet du building le plus haut de la ville, le Hilton. Encore une fois, on perd ses repères, mais cette fois-ci le contraste n’est pas tant entre la richesse au sommet et la pauvreté à nos pieds, non, le vrai choc, c’est de se retrouver en Europe… dans une soirée indienne. C’est un phénomène que j’aurai l’occasion de développer plus tard, une sorte de rejet de culture, d’abandon de ses racines et d’absorption du style de vie occidental. En haut de cette tour, où l’argent coule à flot et le luxe tape à l’œil, on danse sur de la musique électro, en buvant un double martini un cigare à la main à côté d’une piscine où il est interdit de se baigner. Le plus effrayant dans tout ça, mais ça ne reste qu’une conviction intime et profonde, c’est que selon moi, une bonne partie d’entre eux donneraient cher pour être blanc.

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