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29 Jul

Le Campus

Publié par Blacjac  - Catégories :  #Vie en Inde, #Choc des Cultures

Photo prospectus de l'université

Photo prospectus de l'université

Le campus de Chennai est très différent de tous les campus que j’ai pu voir jusqu’ici. Beaucoup plus grand que la moyenne des campus français, il se distingue aussi par l’ambiance qui y règne. La photo de présentation du campus vend du rêve ; c’est preuve d’une bonne intégration des Indiens dans le monde de la communication. L’école a en effet photographié le seul endroit où l’herbe a réussi à pousser et l’a publié sur son site internet. En réalité la plupart des bâtiments sont délabrés, la terre semble avoir remporté une victoire définitive sur la pelouse qui tente vainement de se faire une place et des relents d’odeurs désagréables viennent de temps en temps titiller les narines des passants.

Le rond point central du campus

Le rond point central du campus

L’ambiance du campus de l’IIT est probablement unique en Inde pour une bonne raison : le campus fait partie intégrante d’une réserve naturelle. Une bonne partie des règles du campus sont donc érigées en faveur des animaux dans le but de leur assurer des conditions de vie optimales. Ainsi les véhicules à moteur sont interdits aux étudiants, les fumeurs peuvent s’en griller une mais seulement en dehors du campus, il est expressément demandé de ne pas laisser trainer de plastiques et bien entendu, tout acte de violence envers les animaux est un crime de lèse-majesté. Grâce à ces règles, les élèves et animaux vivent en parfaite symbiose dans le campus. C’est ainsi que les chiens et chats sauvages viennent mendier les passants, les singes font les poubelles, et des espèces de biches en voie d’extinction se battent pour leur territoire sans se soucier de la présence humaine.

Tous les animaux du campus sont habitués à la présence humaine

Tous les animaux du campus sont habitués à la présence humaine

Le Campus

Il est composé de trois grandes zones, une zone résidentielle, une zone académique et une zone réservée aux étudiants dites d’hostels. La zone académique contient tous les bâtiments dans lesquels les pauvres étudiants sont quotidiennement exploités par une bande de professeurs cherchant à rentabiliser leur matière grise. Les deux autres zones sont selon moi identiques, à une différence près : le niveau de vie. La zone résidentielle est constituée de maisons et de petits immeubles où la clim est utilisée à outrance, l’eau est chaude et parfois potable, et la nourriture d’excellente qualité (m’a-t-on dit). C’est dans cette partie du campus que sont logés les professeurs qui le désirent ainsi que les invités de marque. Quant aux hostels, il s’agit en fait de résidences étudiantes. Les conditions y sont un peu plus précaires, l’eau est froide non traitée, les chambre sont petites, les douches et les toilettes (à la turque) collectives et pas grand-chose ne fonctionne. La plupart des machines à laver sont en effet hors service, il faut une patience à toute épreuve pour passer quelques minutes sur le net, les chasses d’eau ne fonctionnent qu’une fois sur cinq et j’en passe. Les hostels c’est aussi le royaume de la débrouille, « life is all about how you handle plan B » pourrait être l’hymne officiel des hostels. Exemple typique : il manque une chaise dans votre chambre. Le réflexe occidental c’est d’en faire part au concierge, puis à l’administration, avant d’envisager de sortir de l’argent de sa poche parce que rien ne se fait. Le reflexe indien c’est d’entrer dans le bureau du concierge et d’y prendre une chaise qui y traine en précisant qu’il en manque une dans votre chambre.

Le campus compte une douzaine d’hostels. Deux sont réservés aux filles, d’autres exclusivement aux Indiens et les étrangers masculins sont mélangés à d’autres Indiens dans deux hostels dédiés. Les filles sont autorisées à entrer dans nos hostels entre 9 h du matin et 21 h, l’inverse est interdit. Les étrangers ont difficilement accès aux hostels réservés aux indiens. Certains Hostels disposent d’un mess, un restaurant universitaire dans lesquels les étudiants du campus peuvent se restaurer. Une encore, une politique de « ségrégation » est menée, les filles ont un mess qui leur est réservé et il leur est interdit d’entrer dans les nôtres. Les prix sont dérisoires d’un point de vue occidental (un peu plus d’un euro la journée) et on y mange bien. Selon les habitués, la qualité laisse vraiment à désirer, mais tout le monde est unanime pour dire qu’on peut y manger en quantité. Tous les mess sont veg, or ce style de régime n’est pas très varié, vient donc un certain ras-le-bol des « anciens » (les étrangers qui sont arrivés en Inde un semestre plus tôt). Pour contrer tous les défauts du mess, deux restaurants sont disponibles sur le campus ; hommes et femmes peuvent s’y retrouver pour manger un poulet au curry ou une pizza veg.

Les hostels portent des noms de rivière, ici le Gange!
Les hostels portent des noms de rivière, ici le Gange!

Les hostels portent des noms de rivière, ici le Gange!

Le Campus

La chambre, si je n’avais pas été prévenu ça aurait pu être un choc. Un lit, une table et (Dieu merci !) un ventilateur, le tout dans un espace finalement largement suffisant de 8 m². Il fut un temps, toutes les chambres d’un même hostel ont été identiques. Aujourd’hui chaque chambre est unique, les résidents successifs ont tenu à marquer leur passage : des traces sombres aux graffitis en passant par des trous de taille variables, les murs contiennent l’histoire de tous leurs locataire. La personnalisation des chambre peut s’avérer être un atout de taille, aussi tout le monde n’a pas la chance de bénéficier de moustiquaire, certains ont même pu récupérer les balais de leur prédécesseurs. Pour ma part, j’ai le droit à une vitre brisée, deux moustiquaires, pas de chaise ni de volet. Un avantage de taille est réservé aux étrangers, ils sont seuls dans leur chambre. L’IIT c’est l’université la plus prestigieuse en Inde, il y a chaque année 1 500 000 élèves qui passent le concours pour y rentrer, mais seulement 1 500 sont retenus. Les études se déroulent sur 3, 5 ou 7 ans ce qui fait environ 7 500 élèves à loger en permanence. Les hostels ont beau être grands, ils ne peuvent accueillir autant d’élèves. A court de logements, l’école est en train de construire deux nouveaux hostels, en attendant certains indiens doivent partager leur chambre en deux, voire parfois en trois.

Un général store est ouvert dans la zone des hostels, chacun peut y trouver à peu près tout ce dont il a besoin : du matelas au gel douche en passant par le téléphone et le câble internet. A côté de ce petit magasin il est possible d’acheter des fruits sous forme de jus ou de yaourts appelés lassi. C’est très bon, très frais et les horaires tardifs en font un point de rencontre idéal pour passer une soirée agréable.

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